Freelance : quel sera mon revenu si je me lance ?
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Publié le

08
/
12
/
2020

Freelance : quel sera mon revenu si je me lance ?

Calculer sa rémunération en freelance est l’une des principales questions que l’on se pose lorsque l’on souhaite devenir consultant indépendant. La réponse est souvent complexe car elle dépend de multiples facteurs comme le statut juridique, le domaine d’expertise, la séniorité…

Un consultant freelance facture soit au livrable, soit en nombre de jours. Dans les deux cas, il faut notamment déterminer son taux journalier moyen ou TJM. Ce dernier que fixe le consultant doit réussir à concilier ses attentes personnelles en terme de revenu tout en étant en phase avec le marché. Un TJM surévalué ou au contraire sous-évalué présente de nombreux risques pour le consultant (lien vers autre article).

Lorsque l’on se lance à son propre compte, le choix entre les différents statuts juridiques possibles revêt d’une importance majeure. SASU, EI, EIRL, EURL, Auto-entreprise, portage salarial, les possibilités sont nombreuses et il peut être difficile de déceler toutes les subtilités de ces statuts. Le choix du statut juridique du consultant indépendant dépend de nombreux facteurs comme le salaire, la situation familiale, l’aversion au risque, la conjoncture économique, la trésorerie disponible ou encore le nombre de missions.

1- L’auto-entreprise

Ce statut présente certains atouts. Facile d’acquisition il permet de lancer rapidement son activité et les procédures administratives se font entièrement en ligne. Ses procédures administratives sont gratuites et si votre chiffre d’affaires annuel ne dépasse pas 33 200€, vous bénéficiez d’une franchise en base de TVA. Si votre chiffre d’affaires annuel excède 70 000€, vous devrez obligatoirement changer de statut.

Le choix de l’auto-entreprise peut donc être intéressant si vous n’êtes pas sûr du succès de votre entreprise ou bien si être consultant indépendant ne représente pour vous qu’un complément de revenus. 

Paul, 25 ans et sans enfant, est salarié. Il décide de se lancer en freelance pour pouvoir effectuer des missions en parallèle de son emploi. Son contrat de travail lui permet en effet d’exercer une activité complémentaire, ce qui n’est pas toujours le cas et doit impérativement être vérifié en amont.

Le choix de l’auto-entreprise lui permet de mettre en place un statut simple tout en limitant la fiscalité sur ses revenus complémentaires. 

Son activité : 

  • Chiffre d’affaires de 25 000 € 
  • Charges sociales à payer 5 500 € (22%)
  • Total des revenus nets avant impôt : 19 500 € soit 1 625 € par mois

2- SASU

La SASU (Société par actions simplifiée unipersonnelle) ou l’EURL (Entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) sont les deux seuls statuts qui supportent à la fois que vous soyez l’unique associé, que votre responsabilité soit limitée et que vous puissiez facilement accueillir de nouveaux associés. 

Sophie, célibataire, a 32 ans, elle vient de négocier une rupture conventionnelle avec son ancien employeur pour se lancer comme consultante freelance en digital. De ce fait, elle peut bénéficier du chômage à hauteur de 3 500 € par mois. Son expérience et son expertise lui permettent de facturer un TJM à 1 000 €HT. 

Sophie perçoit un revenu mensuel grâce à son chômage et n’a donc pas besoin pour le moment que son statut de freelance lui permette de se verser un salaire.

Son activité : 

  • Chiffre d’affaires : 200 000€ (1 000€ x 200j)
  • Frais : 10 000€ (dont 3000€ d’indemnité kilométrique, 1500€ de restaurant, 1500€ de bureau)
  • Rémunération : 0€ / Charge Sociale : 0€ 
  • Résultat : 190 000€
  • Impôt société : 48 244€
  • Résultat après IS : 141 756€
  • Pôle emploi : 3 500 x 12 = 42 000 €

Si elle choisit de se verser un dividende, elle pourra percevoir 99 230 € net d’impôt (après 30% de flat tax, cette dernière comprend l’impôt sur le revenu à 12,8 % et les prélèvements sociaux à 17,2%). Elle peut également choisir de laisser cet argent dans la société.

Sophie récupère également 6 000€ non taxés, correspondant aux remboursement des frais mixtes payés avec son compte personnel et non celui de la société (frais à la fois personnel et professionnel, comme l’utilisation d’une partie de son logement pour travailler).

3- L’EURL

Ce régime, plus coûteux, vous permet de bénéficier d’une indemnisation maladie plus intéressante qu’avec les autres statuts. De plus, les dividendes que vous pourrez vous verser ne sont pas assujettis aux charges sociales.

Elodie, mariée et mère de deux enfants a 45 ans. Après une vingtaine d’années de carrière, elle décide de se lancer en consultante Agile à son propre compte. Ses 20 ans de carrière et son expertise lui permettent de fixer un TJM à 1 000 €. 

Ses deux principaux enjeux : Maximiser son salaire freelance et se verser un salaire chaque mois.

Son activité :

  • Chiffre d’affaires : 210 000€ (1 000 x 210j)
  • Frais : 12 000€ (dont 3000€ de loyer, 2000€ de restaurant, 1500€ de bureau, 900€ de Navigo)
  • Rémunération : 135 931€
  • Charges Sociales : 61 169€ (45% de la rémunération)
  • Résultat : 900€
  • Impôt Société : 135€
  • Résultat après impôt IS : 765€

Pour Elodie le choix le plus judicieux est de se lancer en EURL pour plusieurs raisons. 

Les frais de Elodie atteignent près de 12 000€. Ces frais comportent le loyer ou la carte transport, ils sont considérés comme des frais mixtes. C’est une forme de rémunération qui permet de récupérer de l’argent sur sa société sans payer de charges sociales, étant donné que ce sont des frais. Cela permet également d’éviter de payer de l’impôt sur le revenu. 

En EURL le plus intéressant pour la rémunération est de se verser l’intégralité de ce qu’il reste en rémunération pour avoir un résultat le plus proche de 0 et avoir par conséquent un impôt société le plus bas possible. La rémunération d’Elodie s’élève donc ici à 135 931€ (210 000 - 12 000 - 61 169 - 900) avant l’impôt sur le revenu.

Par ailleurs, il faut ajouter 7 400 € qui correspondent aux différents frais mixtes qu’elle va pouvoir récupérer comme le loyer ou l’aménagement de son bureau par exemple.

Finalement, en total des revenus avant impôt Elodie touchera 143 331 € (11 944 € mensuels) en ayant opté pour l’EURL. C’est le statut le plus intéressant pour elle qui lui permet de maximiser ses revenus freelance et de minimiser son taux d’imposition et ses charges sociales.

4- Le portage salarial

Mode de travail alternatif pour les consultants indépendants qui souhaitent bénéficier des avantages du salariat. 

En passant par le portage salarial, le consultant doit impérativement : 

  • Négocier avec la société de portage salarial les frais de gestion qui seront couverts (fiche de paie, documents administratifs…).
  • Établir le montant des provisions mensuelles afin de mettre de côté chaque mois de la trésorerie pour que la société de portage salarial puisse verser un salaire même lorsque le consultant n’est pas en mission. Cette provision peut également être débloquée même en période d’activité lorsqu’un consultant a un besoin immédiat.
  • Calculer les frais de fonctionnements du consultant qui correspondent à ses éléments personnels du consultant pour pouvoir exercer sa mission (location de voiture, nouvel ordinateur…). Ces frais peuvent être déduits du chiffre d’affaires mensuel pour qu’ils soient exonérés de charges.

Prenons l’exemple de Victor : 41 ans, TJM de 500 €, 1 enfant et Développeur Fullstack

Ses enjeux : 

  • Souhaite garder un statut indépendant
  • Bénéficier de la protection sociale des salariés (retraite, santé...)
  • Recevoir un salaire mensuel

Son activité :

  • Coût global HT : 10 000 € (500 x 20j)
  • Frais de gestion : 900 € (10 %)
  • Provisions : 900 € 
  • Frais de fonctionnement : 500 €

Masse salarial disponible : 7 700 € soit des charges patronales de 3 157 € (41%)

Salaire Brut : 4 543 € soit des charges salariales de 954 €

= Salaire net avant impôt 3 598 € (+500 € Frais + 400 € provisions)

Total dû = 4 489 €

Pour calculer son TJM il est déterminant de bien prendre en compte les charges sociales et le taux d’imposition. Or, ces deux dernières variables dépendent du statut juridique fixé en amont. 

Les différents statuts juridiques mêmes s’ils peuvent apparaître subtils au premier abord ont un impact déterminant sur votre salaire freelance. Il est donc primordial de se renseigner et de bien définir ses besoins afin d’opter pour le statut juridique le plus indiqué pour maximiser votre rémunération et vos attentes. 

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